Vous avez sans doute vu ou entendu les manchettes concernant l’étude de l’OMS sur le lien entre la consommation de viande rouge et de charcuteries et une augmentation du risque de développer un cancer colorectal. Après relecture de 800 études sur le sujet, les auteurs chiffrent cette augmentation de risque à 18%.(1- Manchette La Presse, 2- Publication OMS)
18 %, ça semble énorme, mais il faut mettre les choses en perspectives.
Une très bonne analyse de cette nouvelle se trouve dans le quotidien La Presse sous la plume de Jean-François Cliche: Sur le cancer et la «yande»: quelques chiffres utiles pour s’y retrouver (et respirer par le nez)…(3)
On y apprend entre autres que le risque «absolu» de développer un cancer du côlon est beaucoup plus faible que ce qui est colporté par certains médias. Par exemple, pour un homme de 50 ans, ce risque n’est que de 0,68% (1 cas sur 147) dans les prochains 10 ans.(4) Ainsi, pour cet homme, une augmentation de 18%, comme celle montrée dans la recherche citée,(5) augmente son risque à 0,80% (1 cas sur 125).
De plus, cette hausse de 18% ne s’appliquerait que pour la consommation de 50g de charcuteries par jour, tous les jours. Le lien avec la consommation occasionnelle de charcuteries n’a pas été évalué.
On postule que la présence de nitrites serait le principal coupable. Ces nitrites peuvent se transformer en composés nitrosamines qui, eux, sont des cancérigènes connus.(6) Par contre, cette compilation ne tient pas compte de la qualité des produits: type de cuisson, présence d’additifs divers, qualité de la viande utilisée, biologique ou conventionnelle, etc. Idem pour la viande rouge qui serait également cancérigène, quoique moins fortement. Cette viande rouge provient-elle d’un élevage industriel nourri au maïs, aux antibiotiques et aux hormones ou plutôt d’un élevage humain où les animaux broutent de l’herbe et vivent à l’extérieur? La quantité est importante, mais la qualité l’est tout autant.
La modération et la consommation d’aliments bruts sont nos meilleurs alliés. Consommées de façon occasionnelle, les charcuteries ne sont pas dangereuses: aucun rapport avec les risques associés au tabagisme! Avec une alimentation variée, contenant en quantité les aliments qui sont utiles pour nous protéger, comme les fibres solubles (avoine, lin, chia, fruits pulpeux, etc.), les antioxydants alimentaires (légumes et fruits colorés), le calcium, les omégas 3, la vitamine D et le thé vert, les maladies reculent et sont beaucoup moins menaçantes.
Finalement, cette nouvelle ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà: les charcuteries ne sont pas des aliments santé. Par contre, même s’il est important de limiter leur consommation, je continue à prôner que le coefficient plaisir est crucial pour la santé. Les excès occasionnels, s’ils sont faits dans le plaisir, s’inscrivent tout à fait dans une vie équilibrée et en santé.
D’autres recherches publiées ce mois-ci font état de liens entre les cancers et d’autres facteurs:
Bref, les maladies complexes, comme les cancers, ne peuvent pas être simplifiées à un seul facteur. En agissant de façon intelligente, avec de l’information de qualité, on peut minimiser nos risques, sans devenir ascète.
Pour en savoir plus sur les facteurs de risque et la prévention des cancers, consultez mes autres articles sur le sujet.
Santé!
Merci pour ce bon article. C’est comme en toutes choses, la modératin a bien meilleur goût.